Oeuvre protégée, histoire inventée et mise en scène par Raphaël Damain (Rafadam)
Une histoire de Science Fiction 👽
2024 :
L’Agence Spatiale Européenne lance PLATO, un programme pour
repérer des exoplanètes, c’est-à-dire des planètes en
dehors de notre système solaire.
2050 :
La Terre est en proie à la surpopulation, à la pollution, au manque
d’eau et aux guerres. Les États se disputent de maigres
ressources. Côté science, on essaye des greffes bioniques sur des
blessés de guerre et on repère enfin une exoplanète habitable.
2420 :
Premières colonisations spatiales...
2016 :
On retrouve un manuscrit étrange dans la Zone 51... en voici
un extrait...
Je vis
sur l’exoTerre originelle. J’appartiens aux premières
générations de colons terriens. Je n’ai pas de nom, mais un
numéro de série que je vous épargnerai. Je suis potentialisé
à plus de 75 %, c’est-à-dire que mes jambes, mes bras
et une partie de mon crâne ont été mécanisés.
La
société dans laquelle je vis est très hiérarchisée :
plus vous montez sur l’échelle du pouvoir, plus vous devenez une
machine. Les entités gouvernementales sont dirigées par
des potentialisés 100 % : des machines humaines,
dont le cerveau baigne dans un bocal de cristal rempli de formol,
sorte de relique souvenir d’un état humain trépassé. Ceux-là
sont sénateurs ou congressistes. Chaque année, un président est
élu au tirage au sort parmi les potentialisés 100 %
Parlons
de moi à nouveau. J’ai fait la Polytechnê, la
plus prestigieuse école technico-scientifique de l’univers connu.
J’y ai appris 24 langues, dont 10 dialectes anciens, ainsi que les
sciences. Mon cerveau est équipé du Wi-Fi interplanétaire et d’une
carte mémoire dont la capacité de stockage dépasse l’entendement.
Je suis aujourd’hui chargé de recherche pour l’ACI :
l’Agence de Colonisation Intergalactique.
Pourquoi
coloniser d’autres planètes ? Pour trouver des matières
premières et créer de l’électricité. Nos corps mécanisés
absorbent beaucoup d’énergie, surtout les potentialisés 100 %.
Leur immortalité coûte cher. Mon espérance de vie à moi est
de 500 ans, dans l’état actuel de la médecine cellulaire.
D’ici
500 ans, j’ai bon espoir que mes promotions successives me rendent
immortel. Mon cœur est une pompe dernière génération, garantie à
vie. Mais tout le monde ne peut pas se payer un tel luxe.
Au bas
de l’échelle sociale, on trouve les mécanisés 25 % (jambes
ou bras artificiels). Comme eux, je dois me nourrir à la main. Je
consomme surtout du glucose pour alimenter le cerveau. Les
potentialisés 100 % n’ont besoin que de courant électrique.
Dans
10 jours, je pars pour Exo24, située à 15 années-lumière de
l’exoTerre originelle. Ma mission consistera à cartographier ses
cours d’eau pour l’implantation de centrales hydrauliques.
Je prendrai éventuellement contact avec les populations locales.
5 jours plus tard...

Le
jour du départ, je chargerai cinq malles de vivres, pour le cerveau
et les quelques organes humains qu’il nous reste. Mes jambes et mes
bras s’alimentent seuls en énergie, du fait de leurs
mouvements mécaniques. J’emmène aussi une batterie de rechange
pour le cœur, au cas où...
Temps
de trajet estimé à 2 jours. La majorité du voyage se fait par
téléportation, grâce aux boîtes brevetées et commercialisées
par la SNCT (Société Nationale des Chemins de Téléportation).
Si Exo24 est propice à la colonisation, nous y installerons une
autre boîte de téléportation.
Un mot
sur mon apprenti : il appartient à la 2ème génération
de colons. On doit s’arrêter à 3 générations, pour éviter la
surpopulation. L’immortalisation des individus rend la reproduction
presque inutile. La reproduction se fait d’ailleurs in
vitro, la sexualité ayant été interdite. Notre histoire
judiciaire compte cependant des cas d’accouplements entre couches
sociales : un mécanisé 25 % avec un potentialisé
65 % par exemple. Mais la mécanisation a de toute manière
inhibé le désir sexuel et à partir de 75 % vous obtenez
l’immunité hormonale : c’est-à-dire que vous ne ressentez
plus aucun désir sexuel.
Jour J.
Nous
partons, enfin. J’espère trouver des autochtones. J’ai fait
une mise à jour sur les connaissances des civilisations éteintes.
Mon œil gauche est équipé d’un rétroprojecteur et du
pack Nanosoft (commercialisé par l’entreprise
qui a racheté Microsoft, Apple et SAP il y a de ça bien longtemps).

Compte rendu de la mission
La
mission a mal tourné. Dès notre arrivée, nous sommes allés
cartographier le relief. Tout allait assez bien, mais mon détecteur
de chaleur a signalé une présence après 9 kilomètres de marche.
Un groupe d’hominidés nous a suivis, pour finalement nous faire
prisonniers.
J’ai
tenté de parler au chef, mais leur langage était fort complexe. Mon
apprenti semblait plus préoccupé par la plus jeune femme du clan.
Il n’avait d’yeux que pour elle, ce qui ne semblait pas
réciproque (le regard de la jeune femme trahissait même sa
répugnance à la vue de nos corps robotisés). Il m’a avoué
avoir été foudroyé du regard ; autrement dit, il en est tombé
amoureux, ce qui m’a surpris puis m’a laissé insensible pour des
raisons déjà évoquées. Je pensais que c’était là le simple
effet de l’exotisme et que cette humeur était passagère. Mais pas
du tout, car quand j’ai exposé mon plan pour s’enfuir,
l’apprenti a pris une mine grave.
J’ai
dû partir seul à la tombée de la nuit ; mais ça a pris une sale
tournure quand j’ai dû me débarrasser de deux autochtones qui
montaient la garde près de notre navette spatiale. Le bruit des
corps-à-corps a attiré l’attention des autres et j’ai dû
décoller à toute vitesse.
Dans 3
jours, je reviendrai avec des renforts. D’ici là, j’espère
qu’ils n’auront pas tué mon apprenti. Peut-être trouveront-ils
en lui une trace d’humanité, derrière sa carcasse de fils et
d’acier. Qui sait ?
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